Mauresmo entre doute et compétition

De retour de vacances en mer, Amélie Mauresmo a donné des nouvelles rassurantes sur son moral mais s’estime trop juste pour s’aligner à Toronto et New Haven. Déjà largement tronquée, sa tournée américaine pourrait même être orpheline de l’US Open.

Par Bastien Aubert

L’envie est toujours là
L’air du grand large et les nombreuses nuits de sommeil, certainement troublé, ont-ils porté conseil à Amélie Mauresmo ? Lessivée physiquement et moralement après la perte de sa couronne à Wimbledon et ses sorties approximatives en Fed Cup, la numéro 1 française avait décidé de partir s’oxygéner à la mi-juillet sur un bateau en mer chaude. Pour prendre du recul, faire le point sur une saison qui s’apparente déjà à un véritable calvaire : «Il faut que je change d'environnement, que je laisse un peu le monde du tennis. J'ai prévu de couper une quinzaine de jours, mais si je sens que j'ai besoin de plus, eh bien, je prendrai plus», avait-elle avoué avec un dépit certain.

Celle-ci a eu besoin de plus de deux semaines puisqu’elle a repris depuis seulement quelques jours des activités physiques (footings et promenades à vélo) pour garder la forme. Dans les prochains jours, elle a annoncé qu’elle définirait sa date de retour aux entraînements tennistiques purs avec Loïc Courteau. Avant même d’être fixée sur ses sensations sur le court, celle-ci a déjà déclaré forfait pour les deux prochains tournois d’envergure du circuit, Toronto et New Haven. Non pas qu’elle ait perdu le goût du tennis mais parce qu’elle préfère soigner des adducteurs qui la font régulièrement souffrir depuis deux saisons. «Mon corps ne coopère plus depuis quelque temps, il ne répond pas. J’ai désormais 27 ans et j’écoute ce qu’il me dit pour revenir sur les courts dans un meilleur état».

Une saison catastrophe
Mauresmo a donc décidé de se donner le temps de la réflexion pour ne pas forcer sur son outil de travail, comme elle le confiait lundi soir sur son site officiel : «J'ai encore besoin d'un peu de temps car je souhaite reprendre l'entraînement et revenir sur le court au moment le plus opportun. Nous en avons parlé longuement avec Loïc Courteau, le tout est de ne pas précipiter les choses. J'ai besoin de recharger les batteries pour revenir avec toutes les armes nécessaires». En lâchant ces propos, la Saint-Germanoise avoue à demi-mots qu’elle pourrait tirer un trait sur l’US Open, celle-ci n’ayant jamais été très chaude pour aborder un Grand Chelem sans un tournoi disputé au préalable. Si tel est le cas, il s’agirait d’un criant aveu d’échec car Mauresmo n’a manqué que quatre Majeurs depuis ses débuts chez les professionnels en 1998 (à chaque fois sur blessure) !

Une impasse à Flushing Meadows n’aurait pourtant rien d’étonnant. Depuis janvier dernier et un retard pris dans sa préparation, les sensations sont mauvaises, le moral éreinté. Il y a eu, certes, de vifs éclairs pour illuminer son quotidien, comme le Gaz de France et le sacre à Anvers, avec la fameuse raquette en diamants. Mais rien de jamais bien consistant à cause d’un physique qui ne cesse de lui jouer des tours. Son appendicite était venue entacher une tentative retour au premier plan et ses adducteurs, donc, son véritable talon d’Achille, avaient plombé son Roland Garros avant de la tourmenter par intermittence au All England Club. «J’ai peut-être repris trop tôt à Wimbledon car il me tardait de retrouver la compétition, surtout sur gazon». Et si l’occasion était enfin donnée à Mauresmo de se soigner. Et si c'était une excellente opportunité de reculer pour mieux rebondir ?